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Quelle portée pour les réformes?

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Quelle portée pour les réformes? Empty Quelle portée pour les réformes?

Message  Nicolas Sam 9 Fév - 1:27

La jeunesse, mais aussi le monde enseignant, les parents d’élèves, devant la multitude des nouvelles réformes, d’apparence contradictoire, totalement injustes, peut se poser cette question : quels sont les projets qui sous-tendent ces réformes ?



En effet, vouloir à la fois dynamiter le collège unique et « simplifier » les bacs généraux, techniques, professionnels et agricoles semble contradictoire. Mais une logique existe derrière ces politiques : bien sûr, la suppression du collège « unique » (1) ne peut se faire sous le prétexte des économies, puisque le retour au système d’avant 1975 ne peut que coûter plus cher. Cette suppression prend en revanche tout son sens en parallèle à la refonte des filières lycéennes.

Elle permet d’orienter par l’échec dès la 5e les élèves dans une filière, et une seule, sans possibilité d’en ressortir. En effet, la réforme des bacs généraux créera un nouveau bac LES plus difficile à atteindre pour un certain nombre d’élèves que les bacs L et ES, car nécessitant un bon niveau à la fois en mathématiques et dans les matières littéraires, et conservera pour l’instant le bac S en tant que bac de sélection de l’élite, pour reprendre les termes de Xavier Darcos. Cette réforme crée donc deux bacs « élitistes », et nécessitera, pour conserver les mêmes taux de réussite de 80% des candidats, que les candidats soient « mieux » sélectionnés, et donc dès le collège. C’est cette réforme du collège unique qui permettra cette sélection : selon le programme PISA (2), l’accès au bac diminuera de 30% après application de la réforme. Un élève suivant un enseignement professionnel ou technique au collège ne pourra de fait pas choisir les filières générales.

Une telle sélection, auprès d’élèves âgés de 12 ou 13 ans, ne peut être que profondément injuste : la différenciation des établissements ne pourra qu’imposer un accroissement des inégalités entre collèges, et les populations concernées par ces inégalités, criantes, se retrouveront sans défense avec la suppression de la carte scolaire. La cumulation de la réforme du collège et de la suppression de la carte scolaire ne peut qu’aboutir à une situation inégalitaire, comme on l’observe en Belgique ou en Allemagne, où le milieu social de l’enfant est encore plus qu’en France seul déterminant pour l’orientation. Adieu l’idéal républicain du Conseil National de la Résistance , qui parlait de l’égalité des chances et de l’école égalitaire.

Sous le modèle germanique, apparaîtra donc une forme d’éducation séparée en deux pôles majeurs, et un mineur, dont les frontières seront imperméables : l’enseignement professionnel, qui par les réformes en cours deviendra plus généraliste, donc moins porteur d’emploi sur le marché du travail et plus difficile d’accès, un pôle général lui aussi plus sélectif par la multitude de connaissances devant être sélectionnées, et un pôle technique « simplifié » sous le modèle du bac général, amené à terme à ne devenir qu’un concurrent au bac professionnel, voire peut-être à fusionner, en fonction des prochaines lois des finances du gouvernement Sarkozy.

Le niveau moyen de tous les bacs sera revu à la hausse, et en conséquence directe le nombre d’élèves sortant sans diplômes de l’éducation nationale, aujourd’hui autour de 60 000 chaque année, augmentera. Ces élèves, les « sortis de système », seront amenés à occuper des métiers précaires, sous-payés, l’apprentissage à 14 ans leur donnant déjà un aperçu de ce qu’est l’exploitation des salariés précaires. Et ils seront totalement invisibles, à n’en pas douter : une sélection accrue permet aussi d’augmenter le taux de réussite au bac chez les élèves le passant, puisque moins d’élèves se présenteront (3). Ou comment cacher le problème de l’échec scolaire… L’annonce pompeuse d’emmener 50% d’une classe d’âge au niveau licence, annoncé par Valérie Pécresse, est mensongère : elle ne concernera, au mieux, que les élèves susceptibles d’obtenir le nouveau bac. Les enquêtes du PISA (2) sont formelles : la réforme des collèges est incompatible avec ce désir !



La Jonquille ne peut que s'opposer à de telles réformes, qui vont dans le sens d'une sélection sociale contraire aux principes de l'école républicaine. Nous en appelons aux lycéens, apprentis, parents d'élèves, personnels de l'Education Nationale, pour faire entendre la voix des "invisibles" de la République, et défendre un projet d'éducation égalitaire, solidaire, démocratique.





(1) Seine Saint-Denis : 69,8% d’obtention du BEPC en 2006 ; Moyenne nationale : 78,7% ; peut-on parler de collège unique quand les écarts entre l’académie la plus faible et l’académie le mieux pourvue sont de 19 points à l’obtention du brevet ?



(2) Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves



(3) En effet, quand on vous annonce 82,3% de réussite au bac en 2006, on ne précise pas qu’il n’y a que 64,6% des jeunes de cette génération qui ont eu leur bac…Près de
170 000 jeunes, chaque année, s’arrête avant le niveau bac.
Nicolas
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